Ces dernières années, sous l'impulsion de mouvements mondiaux tels que #metoo et Black Lives Matter, les questions d'eurocentrisme, de sexisme, de racisme et d'autres formes de discrimination ont été mises en avant dans les sociétés occidentales au sens large. Dans différentes sphères de la danse contemporaine, ces mouvements ont donné lieu à une variété d'initiatives, d'organisations et de procédures judiciaires. Les questions d'inclusion et de discrimination ont touché non seulement le monde professionnel, mais aussi les écoles de danse, qui ont vu l'émergence d'une variété d'initiatives menées par les étudiant·e·x·s. La danse contemporaine européenne et ses programmes éducatifs tendent à présenter les connaissances créées en son sein comme internationalement valables, voire universelles, ce qui crée un conflit avec les formes non dominantes de la contemporanéité.

Si les questions de discrimination, de sexisme et de racisme se posent à l'échelle mondiale, elles trouvent une expression particulière dans le monde de la danse et dans l'enseignement de la danse car :

•    les danseur·euse·x·s travaillent avec leur corps dans la proximité et l'intimité,

•    les créations artistiques poussent souvent les danseur·euse·x·s au-delà de leurs limites esthétiques et physiques connues,

• les relations entre employeur·euse·x·s (chorégraphes) et employé·e·x·s (danseur·euse·x·s) sont souvent multiples - y compris les relations d'amitié, d'amour et de hiérarchie, qui peuvent être inversées d'un projet à l'autre,

•    les danseur·euse·x·s travaillent souvent dans plusieurs cultures,

•    la division entre le soi et le travail est complexe.

Ce sont là quelques-unes des raisons pour lesquelles les questions liées à la diversité ont affecté le domaine de la danse de manière particulière.

Cette recherche part du constat que les écoles de danse pratiquent la diversité de différentes manières. L'emplacement de chaque institution, la culture de danse dominante, la langue de travail, le corps enseignant et le programme d'études sont autant de variables qui influencent les manières spécifiques à chaque institution de pratiquer la diversité et qui engendrent tous différents degrés et formes d'inclusion et d'exclusion à l'égard de la population étudiante. En commençant par comprendre précisément comment ces variables s'articulent pour produire des formes spécifiques de diversité et d'exclusion dans chaque établissement, les questions que pose la diversité dans l'enseignement supérieur européen de la danse sont les suivantes :

•    Quels types de pratiques en matière de diversité sont déjà en place dans ces établissements ?

•    Comment les différents établissements de danse reconnaissent-ils et traitent-ils les problèmes d'exclusion ou de discrimination lorsqu'ils se posent au sein du corps étudiant ?

•    Comment les étudiant·e·x·s perçoivent-iels et articulent-iels leurs propres expériences d'exclusion ou de discrimination lorsqu'iels traversent l'un de ces programmes d'enseignement ?

Il est essentiel d'aborder ces questions dans un environnement transnational et spécifique à la danse afin d'éviter les angles morts et de produire des résultats spécifiques à cette forme d'art.