Evelyne Didi
Je viens d’une ville noire du charbon de ses mines, plus tard elle est redevenue blanche, dommage. « Tu ne meurs pas, tu t’endors », mon indication de jeu préférée de Kaurismäki, pour tourner la mort de Mimi dans La Vie de bohème. « Je t’aime tu sais mais la vie est difficile », la phrase de cette Mimi qui a donné l’idée à Marthaler de me prendre dans Papperlapapp. « C’est pas grave », une de ses expressions pendant les répétitions. « Tiens-toi droite » me répétait Bob Wilson, j’essaie encore de le faire. « Je veux voler » disait Euphorion, fils de Faust et Hélène de Troie, en tapant de son pied bot sur les murs de la Salpêtrière. « Calme » disait Grüber, « les mots tombent comme des cailloux ». Lui m’a mise dans le canon pour faire le saut par-dessus les murs frontières. 3 500 spectateurs des Bacchantes m’ont huée à Thessalonique, les 14 000 à Epidaure se sont tus pour écouter. « Le théâtre est vivant, tu vois. » m’a dit Langhoff. Je fais le grand écart entre mes géants de théâtre, amis du passé qui ont enjolivé infiniment ma vie d’actrice, et mes aventures d’aujourd’hui. Ça entretient ma forme.